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Le commissariat en ligne
16 juillet 2004

Mythos phase 4, nuit blanche à Naoussa

Le soir rosissait la mer au loin, et l'Aspirant Tuladanlos, cigare au bec, semblait oublier qu'il avait désormais la corde au coup lorsque l'adjudant Biengrave décidait d'annoncer l'ouverture prochaine de son cabinet de psychothérapie. "tu comprends, avec mon sens de la nuance et de l'écoute, je devrais pouvoir aider pas mal de monde à se sentir mieux". Il en fut pour ses frais quant à l'effet d'annonce car chacun se mit à rire de bon coeur. Mais ce n'était pas ce enième bide qui allait lui gâcher le plaisir de jouir  du spectacle que lui offrait une ultime charge rageuse sur son cheval d'acier par des chemins escarpés, défoncés et poussiéreux, avec sa donzelle sur le porte bagage...

A nos pieds s'étendait la baie de Naoussa, et le souffle d'air donnait à la bâtisse isolée sur les hauteurs où nous nous trouvions, un air de refuge montagnard égaré en méditerranée.

juché sur le toit en terrasse, DJ Greg faisait doucement monter l'ambiance. C'est en plein thème de "Mon nom est personne" que l'inspecteur Debase évoquait à voix basse avec le néo-docteur Biengrave la possibilité de croiser les rayons depuis ce fameux toit. Bien que séduits par le côté spectaculaire de cette éventualité, les deux éphèbes abandonnaient l'idée d'un Niagara miniature et choisissaient plutôt la voie du classicisme en dénichant une partie de clôture  à l'abri des regards.

C'est le moment que choisissait l'inénarrable Greg, au style inchangé depuis les noces de l'adjudant et de  madame, pour décréter que l'heure de tuer Bill avait sonné. Personne ne  saura jamais si c'est en raison de l'alchimie particulière créée par le croisement harmonieux des majestueux jets commissariaux, ou si cette étonnante reprise gipsy de "Don't let me be misunderstood" en fut la cause, mais le fait est que le combat changeait d'âme et que la soirée s'emballait.

Pris par surprise, DB et BG remballaient aussi promptement que le leur permettaient la taille généreuse de leurs attributs, tout en prenant garde à ne pas laisser les dernières gouttes finir leur course folle dans quelque pièce de tissu peu adaptée. Ils remontaient quatre à quatre vers ces terrasses suspendues où commençait ce qui restera comme l'un des plus grands moments de ce début de siècle.

D'une autoproclamée madonne exhibo à des chevelus houblonnés aux guitares désaccordées et voix suraiguës en passant par des productions bien plus récentes et néanmoins de qualité, l'homme à la montre scintillante et aux éternelles lunettes noires provoquait à volonté des vagues d'extase parmi les convives. Enthousiasme, nostalgie, tendresse, chacun se laissait emporter par la musique qui provoqua aussi quelques comportements coupables et licencieux et ça et là, un couple se laissait repérer aux bruissements suspects des fourrés, sous les vivats de la foule haut perchée.

Et alors que le flot nous submergeait,la voix familière de Bourvil s'éleva au coeur de la nuit pour l'interprétation toujours émouvante de l'un des chefs d'oeuvre du siècle passé. Il était question d'un couple dansant dans les décombres d'un petit bal perdu. Et c'était bien. Si bien que pendant quelques courts instants, nous pûmes croire que le bonheur appartiendrait un jour à tous les hommes et que le monde ne finirait jamais...

 

Eric Dahan

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Commentaires
I
J'abonde dans ton sens, commissaire, on est vendredi, faut faire péter la cravate et rhabiller le ptit avant qu'y prenne froid.<br /> Gloire à l'ABG, qui nous a encore sorti un pan de littérature post-moderne.<br /> A présent que le filon Mythos s'épuise un peu, il va fallour penser à la relève. <br /> Dans quelle direction nos brillants esprits vont-ils a preésent converger ? Oserais-je suggérer un brainstorming sous forme de calendar des mois à venir ?<br /> Lundi, l'idB raboule à Paname<br /> Vendredi, l'IdB débarque à Fouras<br /> Septembre, le Cbc envahit l'Autriche-Hongrie <br /> Quoi d'autres, chers apôtres ?<br /> <br /> L'IdB, organisé
C
ABG, tu me ravis de ta prose et je dois dire qu'il m'arrive de trouver le temps un peu long entre 2 récits de Mythos. <br /> Je ne cache pas non plus que cette lecture est arrivée à point nommé car l'après-midi s'annonçait un peu poussive : après une bonne réunion de travail matinale nous sommes allés manger d'aguicheuses moules marinières et avons enfilé une bouteille de bordeaux blanc. Tout ceci fut convivial et digne d'un vendredi midi post 14 juillet où les pauses café à rallonge ont déjà remplacé la cravatte dans les couloirs de la rue de Guernesey. Vive Mythos !
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